Jeudi 31 juillet 2008 à 14:04

Comme tout un chacun je suis né. Ayant vécu dans un cabanon en pleine forêt, j'ai pu jouir d'un contact particulier avec la nature. Comment dépouiller un arbre de ses fruits et permettre à toute une génération d'être élevée au rang de Dieu suprême.

J'ai contrôlé les ruisseaux, j'ai apprivoisé les prédateurs, j'ai assagi le vent et maîtrisé la pluie. Mon cœur reste cependant un ouvrage tellement sauvage qu'il n'en fait qu'à sa tête. Un jour, parviendrai-je à lui montrer le droit chemin ?

Je garde en moi l'espoir de devenir le premier à connaître tous ses secrets. Je multiplierai son pouvoir et caresserai du bout des doigts les rêves de chaque être humain.

Quoiqu'il en soit, après un bon bain dans un lac paisible cachant les portes des entrailles de la Terre, je commence cette nouvelle quête ce défi gargantuesque vers un savoir infini. J'abats ainsi ma dernière carte sur la table. J'ai rasé ma longue barbe de trente ans tandis que mes cheveux blancs s'éparpillent et s'envolent. Une remise en forme s'impose et j'en appelle aux dons de la nature pour me remettre sur pied.

Le train siffle pour la première fois dans la gare vers le bout du chemin. Un bout de vie s'achève. Un autre s'entame.

Lundi 7 juillet 2008 à 20:14

Coup de pied retourné sauté en plein visage. Ramasse tes sales dents cariées et me fait plus chier. J'ai pris mon stylo encre bleu, et j'ai desséché la mine pour écrire sur un bout de toile cirée : "Te laisse pas envahir par la merde".

Ça cloche tout là-haut, l'saint-père part trois mois en vacances pour s'refaire une jeunesse alors qu'il sait même plus pisser debout. Moi j'lui dis : "Foutre de Dieu, évite au moins de partir dans la cambrousse là où l'réseau s'fait aussi rare qu'une gonzesse dans mon plumard". J'prends un carnet, j'lui note une bonne adresse pour qu'il puisse se reposer dans une bonne auberge classé par Michelin et le Guide du Routard, un cuistot hors pair qui allie les saveurs marinières avec des odeurs printanières. On s'croirait dans un champ pâquerettes avec des poissons volants...

La chaudière s'est fait la mal. L'patron des merdeux s'est chopé un rhume, il dit qu'ça lui pique à la gorge et me demande un bon remède de grand-mère. Moi, j'lui dis : "Une bonne infusion thym, citron, miel, ça t'fera pas d'mal. J'te conseille d'arrêter les céréales et le lait bouillant qu'tu fais traire et de passer à la bonne vignasse qui t'fait rougir. Bien que tu le sois déjà".

Une clé d'treize et une anguille qui chante la marseillaise. Débrouille-toi et montre-moi c'que tu sais faire...

J'assomme l'anguille avec la clé. Je l'ouvre en deux, sort le dictaphone, rembobine et chante Amsterdam de Brel par-dessus. J'remets le dictaphone à sa place, j'recouds. J'secoue l'anguille pour la réveiller.

C.Q.F.D.


Jeudi 3 juillet 2008 à 23:23

La terre s'effrite sous les doigts. L'herbe y pousse jaune et sèche. Le craquement d'une allumette, une petite lueur laissant apparaître deux yeux noirs et un nez poilu. Une braise se laisse entrapercevoir et une fumée blanche s'échappe. Quelques bouffées de nicotine, avant de reprendre la route...

Un vieux monsieur assis sur le perron de sa maison, salue chaque véhicule sur la route. D'un geste ample, il lève son bras, ses doigts serrés avec un petit geste de la tête...

La dernière heure. La dernière heure. Celle qui passe lentement alors que le paysage défile rapidement derrière le pare-brise tacheté de cadavres d'insectes...

On fait toujours des erreurs, sans s'en apercevoir, sans le vouloir. Alors si je fais une erreur, soyez indulgents et dites vous "Foutre de Dieu, qu'est-ce qu'on est bien dans ce canapé"...

Le moteur ronronne encore un peu avant de laisser place au silence. Une dernière pensée. Un dernier regard dans le rétroviseur. Les yeux lourds. Un léger sourire. Une dernière gorgée d'eau et un pied qui s'écrase sur le sol, le gravier se frottant entre le sol et la chaussure. Un léger bruit agréable avant de plonger les yeux vers le ciel et attendre qu'une légère pluie enlève les traces de sueur sur le visage...

Le monde n'est pas contre moi, mais il doit bien se foutre de ma gueule...

Une petite remise en bouche avant de se dire : "Je crois que le robinet d'eau chaude doit fuir. Oh, laissons couler"...



Jeudi 3 juillet 2008 à 7:00

Sous le pur ronronnement de mon ventilateur. Déjà 26°C vers 6h40 du matin. Une petite lueur matinale vient se poser sur le mur de la chambre.

Cette nuit qui s'achève annonce une rude journée. Prions pour que le temps passe vite afin de se retrouver le soir, à un terrasse avec un petit vent rafraichissant, une bière désaltérante et une cigarette décontractante. Les petits plaisirs de l'été...

Dormir sur la couette, à moitié nu, la fenêtre ouverte et sentir l'air se frotter contre la peau. Se laisser aller et offrir son sang à divers moustiques, petits ou grands, affamés et voraces...

S'adonner à quelques exercices physiques, histoire de garder la forme, et apprécier les gouttes de sueurs glissantes le long du corps, allant parfois jusque dans les yeux...

Je vous avouerai. Que pourrai-je avouer ?

Je sens que je me fais vieux, que la jeunesse d'aujourd'hui ne ressemble en aucun point à ce que fut la mienne. La musique change de rythme. Les amis passent leur permis, obtiennent leurs diplôme, commencent à travailler, prennent leur indépendance et oublient. Ils oublient qu'ils étaient jeunes. Se disent qu'ils ont passé un cap et les voilà dans l'ère adulte. L'adulte ère...

Une ère emplie d'incertitudes, de remise en question et de responsabilité. Une responsabilité à la frontière de la provocation. Il faut faire attention à ne pas se foutre dans la merde voire de ne pas s'y enfoncer plus que l'on est déjà...

Il faut le dire, la merde est une sombre salope...

Et ce ne sont pas mes cataplasmes d'alcool qui vont arranger cela. Les piqûres d'insectes, oui. Pinocchio ne ment plus, il passe son temps pendu à quelques fils et me regarde d'un air de dire : "File-moi un bière, le temps est trop sec"...

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