Vendredi 4 février 2011 à 10:49

 Depuis la mort d'une overdose de mon père, je me suis juré de ne jamais tombé dans cet univers. Mais j'ai également réalisé que, dans ce monde, c'était chacun pour sa gueule : les gens en ont rien à foutre des uns et des autres. J'étais jeune et avec toute cette colère qui est venue en moi j'ai commencé à partir en couilles, je me suis éloigné de ma mère et j'ai traîné dans les rues. Vols, violences, délinquance. J'ai commencé à me faire une réputation de tête brûlée, je n'avais peur de personne et fonçais tête baissée à la moindre embrouille. J'ai appris à me battre comme ça. Tout en ayant horreur de ces toxicos et autres camés. Vers seize ans on commençait même à me payer pour régler les comptes à certaines personnes. Etant parti de chez ma mère et ayant besoin d'argent pour survivre, je me suis mis au service d'Ernesto, un p'tit mac, dealer notoire. C'était contre mes idées de servir la drogue mais ça me permettait de me défouler en remettant en place certains camés ou autres petits dealers de quartier, ceux qui coupaient leurs dopes pour en tirer un max en espérant que ça passe inaperçu. Mais, ici, tout se sait au bout d'un moment. Je me suis ainsi lié d'amitié avec Ernesto surtout qu'il s'intéressait, tout comme moi, à la boxe. Cela a duré un certain temps jusqu'à ce qu'un manager d'un petit club de boxe me repère, et voulant me sortir de ce milieu me prend sous son aile à condition que j'arrête les conneries. Je me suis rangé et j'ai commencé à faire quelques combats amateurs clandestins qu'on me payait au noir. Je l'appelais "The Rock" pour sa ressemblance à Rocky Marciano, et je savais pertinemment que Jake n'était pas son vrai prénom. C'est comme ça que je me suis calmé et c'est lui aussi qui m'a ouvert les yeux et converti au catholicisme. C'était mon nouveau père, un père spirituel. La plus belle période de ma vie. Jusqu'à ce qu'il parte. Trop vieux pour rester là, il est parti, a revendu son club, mais ne pouvant pas m'emmener il m'a trouvé un boulot chez Frank. Il m'a dit, à ce moment-là, que je saurais trouvé ma voie travaillant dans ce café. Je lui en ai voulu, sur le coup, quand j'ai réalisé que je suis tombé en plein milieu de ce monde de camés. Mais c'était fini le temps où j'y allais aux poings pour contester la mort de mon père. J'avais changé. Et je me répétais les paroles de "The Rock". J'ai mis du temps mais j'ai réalisé que j'étais justement là pour eux. Fini le temps chacun pour sa gueule. Je me devais de les sortir de là. Ou, tout du moins, un maximum. J'ai compris au fur et à mesure que je ne devais pas leur tendre la main mais attendre qu'ils viennent à moi, et ça, ça prend encore plus de temps, malheureusement.
Je ne peux peux pas partir tant que je ne me serais pas rendu utile. Si je pars, je me sentirai coupable, d'abord de les abandonner et envers The Rock qui attend à ce que je réalise quelque chose de ma vie. Ensuite seulement je serais libre d'aller où bon me semble, et, surtout, de revoir ma mère pour lui demander pardon. Mais si je n'accomplis rien, elle ne pourra pas me pardonner.

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