Mercredi 4 novembre 2009 à 12:05

 Je lui fait fumer un bon joint. J'lui bourre la gueule. J'la viole avec son consentement. Et j'lui explique tendrement la théorie des mondes parallèles avec un baiser sur le front avant de lui dire qu'il va falloir prendre une décision difficile. Pendant son regard perplexe de 18 secondes, je laisserai pénétrer la lame bien affutée de l'ouvre-bouteille dans son flanc gauche, la main sur la bouche en lui chuchotant "Sshhh, tout va bien. Ssshhh, c'est bientôt fini". Je lâcherai quelques larmes sur son corps inerte en tentant de me déculpabiliser, que c'était la seule solution...

Elle était perdue sans moi. Elle disait qu'elle préférait mourir plutôt que de me voir partir. Elle ne comprenait pas que l'on puisse se séparer. Elle était toujours là pour moi. Elle était l'amour de ma vie. Elle me soutenait dans mes projets. Elle avait ce regard tendre quand je me réveillais le matin. Elle était jalouse dès qu'une fille me faisait ne serait-ce qu'un effleurement de la joue. Elle savait se montrer dure quand je m'apprêtais à faire une bêtise. Elle avait du coeur. Elle était mon âme soeur...

Je me serai sacrifié pour elle. Je me suis sacrifié pour elle, pour nous. Enfoui, dans cette chambre, noire et sanguinolente, recroquevillé en enlaçant mes genoux, me balançant d'avant en arrière. Murmurant des propos incohérents sur la nature de l'homme, sur la destinée d'une vie, sur la Terre et l'Univers, sur nos vies qui s'achèvent. Je tremble, mes lèvres commencent à sécher. Je me blottis contre elle, me couvrant de son sang encore chaud. Mes yeux commencent à se fermer, je m'assoupis, ou m'évanouis, je ne sais plus...

Je ne sais plus pourquoi. Je ne sais pas. Je crois n'avoir jamais su. Je crois que c'était une chose à faire. Je crois qu'elle était un fardeau. Que notre route ne pouvait plus continuer ensemble. Je ramasse la bouteille de vin renversée sur le tapis. Il reste encore quelques gorgées que j'avale difficilement. J'ai perdu une partie de moi. Elle s'est envolée et je reste seul. Je resterai seul. Promis...

Je reste sans toi, je reste sans toi...

Lundi 2 novembre 2009 à 15:16

 Je suis comme je suis. Je ne suis pas ce que j'attends de moi. Ainsi on n'attend pas ce que je suis. Si c'est cela ce que vous attendez de moi, vous pouvez encore attendre. Grâce aux pouvoirs qui me sont conférés, c'est-à-dire aucun, je peux vous faire grâce de mes plaintes et vous serez encore et toujours dans l'attente de ce que je pourrai être sans pourtant être ce que j'attends...

De la à sortir une théorie complètement hallucinante sur le fait qu'il existe autant d'étoiles que d'âmes sur Terre serait un affront envers toute sorte de croyance religieuse ou scientifique. Mais pourquoi tant de fascination vers les étoiles ? A chaque instant des étoiles meurent tandis que d'autre naissent. Tout comme les êtres humains. Et la paf, une image me vient en tête, comme un kaléidoscope inoffensif : chaque être vivant vient d'une étoile. Moi, pour exemple, chaque nuit je contemple le ciel et me demande où se trouve mon étoile, si le lien qui se casse entre mon étoile et moi, nous disparaissons tout deux. Si l'un vient à disparaître, l'autre disparaît aussitôt. D'où, évidemment, l'expression d'être né sous une bonne étoile. On ne choisit pas son étoile. Heureusement pour nous et malheureusement pour elles, ces étoiles ne s'entretuent, elles savent rester pacifiques et immobiles durant des siècles et des siècles. Ah, oui, là, ça coince. Une étoile vit plus longtemps qu'un être humain. Ah, oui, c'est évident. Hallucinant, vous dis-je...

Je compte tout de même trouver mon étoile. Mon étoile n'est peut-être pas dans le ciel. Mais ça ne coûte rien de le regarder et c'est joli à voir. Oui, je conçois que sous un toit il est difficile de contempler les étoiles, surtout en plein jour. Mais il suffit d'avoir un minimum d'imagination, que diable. Foutaises et convoitises se préparent et je guette nonchalamment l'arrivée de l'homme dans toute sa splendeur. Une corde au cou et des bottes en caoutchouc...

Je suis pris d'un zeste de somnambulisme. J'attends impatiemment mon éveil. Les doigts de pieds en éventail et les cheveux ébouriffés. Je cerne mon regard autour de mes yeux fatigués. Quoi de plus attachant qu'une romantique nuit sous la couette. Seul, oui. Imagination, pardi. Ou alors était-ce le rêve ? Celui qui s'achève au commencement de la nuit. Celui qui se finit par le sommeil, juste avant le réveil. Si réaliste, qu'on se demande "Où est-elle passée ?". J'arrive enfin à réaliser que toute ma vie n'est qu'un sommeil profond où s'emmêle injuste réalité et rêve que l'on voudrait réalité. Une course-poursuite incessante où l'on ne se réveillera jamais...

Elle était là, et puis ailleurs, j'étais plus loin, à l'extérieur. Elle, l'imagination débordante de souvenirs, comme la fois où...

Oui, cette fois-là. J'avais fait un peu de prison. Une histoire d'herbe avec une bande de potes. Ils n'ont pas pris la peine de nous juger. Au trou. J'y suis resté un moment, j'ai pris l'air. J'en ai profité pour entretenir mon corps dans une salle de musculation sophistiquée. Au réveil, je sentais le changement, je me sentais plus fort. Je me suis dit qu'avec une telle expérience de la vie, je pouvais affronter n'importe quelle autre situation embarrassante. Je me suis mis à genoux, j'avais mal aux tympans, alors j'ai pris ma tête entre les mains et j'ai récité ma prière : "Ainsi, je vais et je viens entre ces deux mondes. Ainsi, j'en apprends chaque nuit à chaque seconde. Que par le débordement de ma science-fiction. Que par l'envoûtement de mon imagination, je puisse poursuivre ma quête de l'aventure, du bonheur et de l'amûr en simple pêcheur."

Je suis aux aguets. J'entends au loin siffler cette mélodie inconnue...

Vendredi 30 octobre 2009 à 13:14

 Je suis né il y a de ça quelques années. J'ai grandi dans une maison avec des parents et des frères et soeurs (rayez la mention inutile). J'ai eu une enfance comme toute personne arrivée à l'âge adulte. Une enfance particulière, il faut le dire, car je ne connais personne qui a pu avoir la même que moi. Cela me soulage évidemment. Cette enfance a su passer un cap à partir d'un certain âge. Ou plutôt une période. Une fourchette disons-nous. Entre la fin de l'enfance et le début de la pré-adolescence. C'est là que tout se complique, les petits moments d'insouciance se transforme en doute permanent. Je change, physiquement mais mentalement je m'abrutis. Jusqu'à l'adolescence, la vraie qui débute à la fin de la pré-adolescence, on ne voit pas trop le changement, juste qu'on se pose trop de questions inutiles qui gardent une petite empreinte enfantine : "Mon papa est plus fort que Dark Vador, mais que vais-je devenir ?" Je rêve de devenir egyptologue, ébéniste, pilote de chasse, caissier, riche, beau et intelligent. Il est évident que je ne suis jamais parvenu à réaliser ça. J'ai préféré me mettre à découvrir toutes les horreurs du monde humain : l'acné, la voix qui mue, les poils, les filles. J'ai su appréhender cela avec parcimonie. J'y ai gardé quelques séquelles, mais c'est en tombant qu'on apprend à se relever.

Ensuite est arrivé le temps de l'âge adulte. L'apogée de l'être humain. Une ère nouvelle. En grand rouge et clignotant au-dessus de nos têtes : L'adulte ère. Même si le passage entre l'adolescence et l'âge adulte est long (cela peut prendre des dizaines d'années). Ce changement est remarquable pour notre conscience. Nous évoluons pas à pas vers la sagesse où notre vécu est plus intense que ce que nous vivons. Ainsi, je me suis laissé tenter d'entrer dans le monde adulte. Aussi exécrable soit-il. Ainsi, j'ai décidé et préféré rester dans ce que j'appelle "Ma Bulle d'ivresse". Un monde qui me retient entre mon enfance perdue et le monde réel que je découvre. En passant par différents états. Sentimentaux, psychologique, physique et politique.
C'est vraiment là que j'ai commencé à réfléchir. Certes ces réflexions n'aboutissent pas à grand chose. Certes elles ne changent pas le monde. Mais je n'ai pas d'ambition à tout cela. Réfléchir est déjà une étape vers...vers je ne sais quoi. Je n'ai pas encore réfléchi à cela...

Aujourd'hui, je suis toujours dans l'adulte ère, après quelques années. Mon adolescence est loin derrière. Mais mon enfance est toujours présente. Cette enfance que je cultive avec sagesse. Après avoir passé des années à apprendre. J'ai commencé à apprendre. J'ai appris à désapprendre. Histoire de garder un pied sur terre avec la tête dans les étoiles (ce qui est bien plus haut et beau que les nuages). On pourrait dire que je vis au jour le jour, sans penser au lendemain et sans oublier la veille...

Le chemin qui me reste est encore long. A vrai dire, les chemins. Suivre la même route n'a rien de passionnant. Et si je ne rends pas ma vie passionnante, et je parle en toute subjectivité, elle ne mènera à rien. Le tout est de ne pas finir moins que rien. Ce serait le comble après tant d'effort. Même si je suis encore loin du réconfort...
 

Jeudi 29 octobre 2009 à 22:21

 Je suis de ces années où l'on se cache pour mourir. Une vie n'est qu'un vol pathétique au-dessus d'une mare océanique. Plus le temps passe et moins l'être humain paraît humain. Nous sommes des êtres guettant la minute fatidique dans un monceau de ruines et développant une capacité à se détester. Dans le sens large. Détester sa propre personne. Détester sa propre famille, son propre monde, son existence. L'existence de tous. Mais il parvient à vénérer tout autre artéfacts sonnants et trébuchants. Tout ce qui se reflète à la lumière. Son propre reflet n'est pourtant pas sa propre personne. La contradiction.
Nous sommes devenus des êtres contradictoires. Ce que je dis peut paraître réel. Vous pourriez être sensible à cette vérité sans pourtant y croire. Gardant au fond de vous une poussière de ce qu'on pourrait vanter de l'être humain. Ce que je dis peut vous paraître faux. Vous pourriez être insensible à cette calomnie tout en ayant un doute gardant au fond de vous un soupçon de culpabilité. Il est évident que cela a été dit, redit et répété, que nous sommes insensés.

Je ne suis pas parfait.
Je suis de ces êtres qui sont nés en silence. En criant et barbotant sur une nouvelle terre.Je suis dans ce gouffre. Chutant et priant pour un nouveau monde.

Je suis imparfait.

Cette perfection qui m'enlace et me sert en me chuchotant tendrement : "Je suis une garce qui a vu le jour dans une nuit sans lune. Je suis une farce qu'on prend trop au sérieux".

Mardi 27 octobre 2009 à 11:26

 On me dit, nettement dans un murmure, de sortir de cette torpeur. Que grâce à l'aide de psychotropes je trouverai le chemin de la lumière et de la vérité. Vagues et océans. Chaleur et soleil. Que je parvienne aux bains de lumière et enfin cette voix qui m'éclaire. Chasse ces idées noires qui se propagent dans le flux continu de tes nuits agitées. Où suis-je ? Je suis où la réalité et le rêve se rencontrent. Un état éveillé où la vue se trouble. Un concert où chaque son se perd dans un carnage harmonique. Chacun des membres du corps en perd la tête. Et la tête ? Et la tête. Ah ! Ah. Ah louons cette eau bénite. Par ton pouvoir machiavélique je retrouve cet air inquisiteur. Que ma foi aille braver les plus terribles créatures de mon imaginaire. Ce flux tendu entre mon corps étendu et ma cervelle qui ne suit plus. Juste un temps pour effleurer les ténèbres sans être inspiré par la peur. Le temps d'un battement de cils ou d'une guerre civile, peu importe.

Peu importe le flacon tant qu'on a l'ivresse...

Détendu. L'heure du réveil. Un retour à la réalité. Parfois cette impression de chute se confirme. Je me sens lourd. Des yeux mi-clos se regardent dans le miroir. L'air est bouffi. Trouble. Tu me guettes dans ce retour à la torpeur. Tu me murmures de revenir à il y a quelques heures. Mais je ne puis rester dans ton monde au dépens de séparer deux formes indissociables. Celles de mon corps et de mon esprit. Une mince frontière que je ne puis franchir. Alors je reste dans ce dédale alcoolique.
Quitte à tout perdre, autant que ce soit le plus tard possible...

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