Mercredi 27 juin 2007 à 0:02

Une boîte aux lettres s'ouvre. Avec des lettres étalées de tous leurs longs, les unes sur les autres, voyant une main s'approcher lentement pour les rassembler et les empoigner. Elles décollent avec délicatesse de cette boîte. Et un geste vers le ciel, embué de paroles : « Vole, volez, volez petites lettres, je vous rends la liberté…Liberté ! »…

Plus tôt, cinq heures et cinquante-neuf minutes, des gémissements dans les draps noirs d'un lit, dans une chambre aux murs noirs, pas de fenêtre. Un type suffoque dans ses draps, les yeux noirs, les cheveux noirs, dans son pyjama noir, se relève de ses rêves agités. Six heures, le réveil sonne. Debout devant un mur, le peigne à la main, le type se recoiffe, cheveux en arrière. Un bouton, deux boutons, il déboutonne son haut de pyjama et le laisse glisser le long de ses bras, il suffoque. Pas de porte. Six heures et trois minutes, il ouvre les yeux. Pas de sortie. Le téléphone sonne. Il répond. Personne au bout du fil. « Je suis un homme heureux, je suis joyeux, la vie est belle »…

Il est sept heures et une minute, il est temps, l'heure est toujours là à temps, jamais de retard, jamais. Le pot de peinture blanc, les pieds dedans, un bain éclatant pour une belle journée. Si jamais il me viendrait à mourir à ce moment-là je dirai : « Quoi de mieux pour un mort que de rêver d'une autre vie ? »…

Je suis ce type, ma montre est arrêtée à sept heures et trente-trois minutes. Ma main glisse le long du mur jusqu'au bout, au sol, au coin de la pièce. A genoux, je tire la cordelette qui pend laissant une peinture rouge s'abattre sur moi : « Quelle est cette folie qui vient hanter mon esprit ? »…

La porte s'ouvre, il est huit heures. Pile poil. L'eau est chaude. La boire et attendre le courrier. L'eau est chaude, trop chaude pour moi. J'ouvre les yeux, de l'autre côté. Je vois mon cerveau qui tourbillonne, je vois le sang qui va et vient, je vois mon âme qui ricane de mon esprit. J'en pleure, à l'intérieur. Ça donne envie de pisser : « Pas le temps de relever le couvercle, la serviette est mouillée »…

Je sèche, l'heure ? Ce type, ce type est de retour à chaque fois que je croise cette fenêtre, quand je vais voir l'heure, il me dit d'attendre. Il est huit heures et quarante-huit minutes. Il ne me reste que très peu de temps, peu de temps. Et ce type ricane, comme mon âme : « Si tu étais levé plus tôt. Le soleil ne t'attendra pas. »…

Mon cerveau remue, j'ouvre les yeux de l'autre côté, il dégouline, il se vide, j'en tremble, mon cœur s'emballe, pas de cadeaux pour moi ce matin, je m'effondre sur le carrelage luisant. Ce type est de retour : « Debout, tu vas être en retard »…

Neuf heures et cinquante-neuf minutes. Un moteur, un homme, un sac et des centaines de lettres. Les boîtes bouffent et attendent l'indigestion. Miroir, ô mon miroir, dis-moi l'heure. Dix heures. J'ouvre la porte, un pas en avant, un deuxième, j'enjambe le type, la boîte s'approche de moi. « Si tu ouvres ton cœur à ton cerveau, tu goûteras enfin à la… »

Les lettres s'envolent. Vers le ciel, vers ce type.


Par Criquet le Lundi 2 juillet 2007 à 23:58
Pourriture ! Maintenant je vais rêver que je me fais attaquer par des boîtes aux lettres : o !
 

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