Jeudi 15 avril 2010 à 11:34
Un calme sournois qui ne laisse rien présager de bon. Les lianes se rétractent, le laissant choir sur des feuilles émiettées. Son dos se redresse, les yeux vers le ciel. Un ciel noir et gris, sans étoile, sans lune, sans lumière. S'abat sur lui une atmosphère lourde qui qualifie la cruauté de son supplice. Son cerveau s'ébouillante. Une première goutte de sueur commence à se forme sur la base de ses cheveux, puis glisse doucement le long de son front. Elle se retrouve rapidement accompagnée de congénères glissant le long de la joue, jusqu'au menton pour fusionner ensemble. Devenant assez lourde pour se laisser tomber et se diviser sur le sol feuillu. Nourrissant la terre. L'étincelle...
Ses yeux révulsés s'assombrissent, ses globes devenant noirs. Ouvrant la bouche qui laisse échapper un mince filet de fumée blanche, montant vers le ciel en formant quelques symboles incompréhensibles. Comme une langue ancienne et mystique. Le peu de tissus qui le recouvrent s'effeuillent. Son corps nu s'élève. Les jambes pendent. Les bras tendus vers le ciel. La tête tellement en arrière que les cervicales sont brisées. Ses jambes se plient comme un appel à se recroqueviller avant de retrouver sa forme première comme un éclatement. Son corps rougit et commence à se consumer à différents endroits : un mollet, une cuisse, le ventre, un bras, les yeux. La bouche ouverte laisse passer un cri aigu quasiment inaudible. Les flammes se font de plus en plus intenses sur le reste de son être. Un tas de cendres commençant à se former sur le sol...
Ne reste qu'un tas de cendres. Nourrissant la terre. Et un nuage de fumée s'étant formé dans le ciel. Rejoignant le ciel. Comme l'âme s'étant séparé de son enveloppe charnelle.
Mercredi 7 avril 2010 à 18:54
Je suis face à deux situations. Comme la veille identique au lendemain, mais vu d'un autre oeil. D'abord l'oeil droit, puis l'oeil gauche.
Un bout de peau qui se lasse et se décroche du corps. Chute et s'écrase sur le plancher. S'évanouit et se laisse oublier. Cette chute fait taire nos pensées pour un axe de réflexion unique : Tout va bien se passer.
Je m'arrache du lit, enfile une paire de chaussettes qui traîne depuis quelque temps sous le lit (la poussière témoignera). C'est en voyant ce que je me laisse devenir que je me planifie une remise en question, une sorte de remise en forme par une remise à pied. Histoire de s'aérer un minimum. Direction l'évacuation.
Evacué. Mes plans n'étaient pas si foireux. Ma théorie pas forcément inexacte. J'ai réussi. J'étais là à contempler ma belle merde nageant au milieu de cette eau à moitié visqueuse. Oui, tout va bien se passer.
Quant à comparer cette merde à ma vie, je me suis dit que je n'étais pas si loin. Je nage, mais tant que je ne coule pas, tout va bien. Il suffit juste d'évacuer de temps à autres. J'éclaircis ma voix et chantonne une ode à la chasse. Je tire. C'est fini. En même temps cela me rappelle quelques prières que j'ai pu faire à la cuvette. Bénis soit-elle.
Inspire, expire. Je fais chauffer l'eau. De quoi faire bouillir mes méninges et ramasser tout ce que j'ai pu laisser tomber en chemin. Je ne pensais pas me dégarnir aussi vite. Ce doit être l'effet du train décapotable. Pas eu le temps de sortir, j'en ai oublié mes papiers. Tout va bien se passer...
Cessons la diversion. Je suis revenu à mes racines. Un arrêt pour me désaltérer. Un arrêt pour repartir...
Je vous en prie. Tout va bien se passer...
Jeudi 5 novembre 2009 à 11:35
Après deux autres bières que j'ai gracieusement payé, je suis reparti dans une aventure loufoque et imprévisible (Oui, j'avais prévu tout ça). Je me suis ainsi retrouvé assis. Histoire de me reposer un peu après une journée debout ou très mal assis. Quelques secondes de réconfort et je suis reparti, des sacs et des idées en tête (Oui, les sacs aussi). Cette fois je n'ai pas croisé une femme pendue dans l'arbre de son jardin. Cette fois je n'ai pas croisé un chien hideux. Cette fois je suis revenu chargé de provisions. De retour dans ma cabane de chasseur, j'ai aperçu un énergumène. Je l'ai envoyé voir ailleurs. J'ai poursuivi ma tâche. Histoire de décrasser tout ce qui traînait. Et me déconnecter de la face obscure du monde. Lumière ! J'ai brillé dans ce domaine. Je brille de mille feux. Luisant, étincelant, j'ai garni mes cheveux d'une décoration loufoque. Je me suis rabaissé à mes envies primitives et je suis accidentellement tombé sur un os. Le frigo était plein de pourriture. Quoi de plus effrayant qu'un monstre biodégradable sentant le fruit exotique et la viande orientale. Non, n'y voyez guère de lien avec mes tentatives. Oui, ces tentatives que j'ai tant bien que mal repoussées à l'échéance la plus tardive...
Je ne suis pas parti, en réalité. Je suis resté là à polir la table basse pour manger du poulet. J'ai ri sur les aberrations d'un film américain d'époque. J'ai goûté au vin. J'ai goûté mes rêves d'enfant. Et j'attends encore et toujours...
J'attends encore et toujours. Une fuite...
Lundi 2 novembre 2009 à 15:16
De la à sortir une théorie complètement hallucinante sur le fait qu'il existe autant d'étoiles que d'âmes sur Terre serait un affront envers toute sorte de croyance religieuse ou scientifique. Mais pourquoi tant de fascination vers les étoiles ? A chaque instant des étoiles meurent tandis que d'autre naissent. Tout comme les êtres humains. Et la paf, une image me vient en tête, comme un kaléidoscope inoffensif : chaque être vivant vient d'une étoile. Moi, pour exemple, chaque nuit je contemple le ciel et me demande où se trouve mon étoile, si le lien qui se casse entre mon étoile et moi, nous disparaissons tout deux. Si l'un vient à disparaître, l'autre disparaît aussitôt. D'où, évidemment, l'expression d'être né sous une bonne étoile. On ne choisit pas son étoile. Heureusement pour nous et malheureusement pour elles, ces étoiles ne s'entretuent, elles savent rester pacifiques et immobiles durant des siècles et des siècles. Ah, oui, là, ça coince. Une étoile vit plus longtemps qu'un être humain. Ah, oui, c'est évident. Hallucinant, vous dis-je...
Je compte tout de même trouver mon étoile. Mon étoile n'est peut-être pas dans le ciel. Mais ça ne coûte rien de le regarder et c'est joli à voir. Oui, je conçois que sous un toit il est difficile de contempler les étoiles, surtout en plein jour. Mais il suffit d'avoir un minimum d'imagination, que diable. Foutaises et convoitises se préparent et je guette nonchalamment l'arrivée de l'homme dans toute sa splendeur. Une corde au cou et des bottes en caoutchouc...
Je suis pris d'un zeste de somnambulisme. J'attends impatiemment mon éveil. Les doigts de pieds en éventail et les cheveux ébouriffés. Je cerne mon regard autour de mes yeux fatigués. Quoi de plus attachant qu'une romantique nuit sous la couette. Seul, oui. Imagination, pardi. Ou alors était-ce le rêve ? Celui qui s'achève au commencement de la nuit. Celui qui se finit par le sommeil, juste avant le réveil. Si réaliste, qu'on se demande "Où est-elle passée ?". J'arrive enfin à réaliser que toute ma vie n'est qu'un sommeil profond où s'emmêle injuste réalité et rêve que l'on voudrait réalité. Une course-poursuite incessante où l'on ne se réveillera jamais...
Elle était là, et puis ailleurs, j'étais plus loin, à l'extérieur. Elle, l'imagination débordante de souvenirs, comme la fois où...
Oui, cette fois-là. J'avais fait un peu de prison. Une histoire d'herbe avec une bande de potes. Ils n'ont pas pris la peine de nous juger. Au trou. J'y suis resté un moment, j'ai pris l'air. J'en ai profité pour entretenir mon corps dans une salle de musculation sophistiquée. Au réveil, je sentais le changement, je me sentais plus fort. Je me suis dit qu'avec une telle expérience de la vie, je pouvais affronter n'importe quelle autre situation embarrassante. Je me suis mis à genoux, j'avais mal aux tympans, alors j'ai pris ma tête entre les mains et j'ai récité ma prière : "Ainsi, je vais et je viens entre ces deux mondes. Ainsi, j'en apprends chaque nuit à chaque seconde. Que par le débordement de ma science-fiction. Que par l'envoûtement de mon imagination, je puisse poursuivre ma quête de l'aventure, du bonheur et de l'amûr en simple pêcheur."
Je suis aux aguets. J'entends au loin siffler cette mélodie inconnue...
Vendredi 30 octobre 2009 à 13:14
Ensuite est arrivé le temps de l'âge adulte. L'apogée de l'être humain. Une ère nouvelle. En grand rouge et clignotant au-dessus de nos têtes : L'adulte ère. Même si le passage entre l'adolescence et l'âge adulte est long (cela peut prendre des dizaines d'années). Ce changement est remarquable pour notre conscience. Nous évoluons pas à pas vers la sagesse où notre vécu est plus intense que ce que nous vivons. Ainsi, je me suis laissé tenter d'entrer dans le monde adulte. Aussi exécrable soit-il. Ainsi, j'ai décidé et préféré rester dans ce que j'appelle "Ma Bulle d'ivresse". Un monde qui me retient entre mon enfance perdue et le monde réel que je découvre. En passant par différents états. Sentimentaux, psychologique, physique et politique.
C'est vraiment là que j'ai commencé à réfléchir. Certes ces réflexions n'aboutissent pas à grand chose. Certes elles ne changent pas le monde. Mais je n'ai pas d'ambition à tout cela. Réfléchir est déjà une étape vers...vers je ne sais quoi. Je n'ai pas encore réfléchi à cela...
Aujourd'hui, je suis toujours dans l'adulte ère, après quelques années. Mon adolescence est loin derrière. Mais mon enfance est toujours présente. Cette enfance que je cultive avec sagesse. Après avoir passé des années à apprendre. J'ai commencé à apprendre. J'ai appris à désapprendre. Histoire de garder un pied sur terre avec la tête dans les étoiles (ce qui est bien plus haut et beau que les nuages). On pourrait dire que je vis au jour le jour, sans penser au lendemain et sans oublier la veille...
Le chemin qui me reste est encore long. A vrai dire, les chemins. Suivre la même route n'a rien de passionnant. Et si je ne rends pas ma vie passionnante, et je parle en toute subjectivité, elle ne mènera à rien. Le tout est de ne pas finir moins que rien. Ce serait le comble après tant d'effort. Même si je suis encore loin du réconfort...