Jeudi 7 juin 2007 à 16:57

Il est grand temps de tout quitter, ma femme, mon job, mes enfants, mes amis. Je veux prendre congé et partir pendant environ cinq ans dans une forêt, seul. Juste le temps de me ressourcer, de réfléchir sur toutes les questions habituelle, de laisser le monde courir à sa perte sans moi...

Ce n'est pas parce que je réalise que les amis ne servent à rien, que l'amour ne sert à rien, que l'argent ne sert à rien, que la famille ne sert à rien, que travailler ne sert à rien, enfin, c'est en parti à cause de ça, mais ce n'est pas parce que vivre ne sert à rien, enfin si, ça ne sert concrètement à rien, mais c'est tellement bon...

Comme quand je m'imagine dans cette forêt, ce sera tellement bon. A moi les branlettes dans les fourrées, les animaux sauvages rotis, les feux de bois qui ne s'allument pas, les pieds gelés en hiver, les courses poursuites avec des ours ou des lions. Je ne prendrai rien de moderne avec moi, si ce n'est une tente, un cas de couchage, quinze tonnes de papiers et 5 000 stylos bleus. Pensez-vous bien, il va falloir que je m'occupe, et la seule chose noble qui reste dans ce monde (et qui restera dans mes faibles capacités) est d'écrire. Quand je reviendrai je publierai "Le Sens de la Vie" en plusieurs volumes (encore indéfini pour le moment), ça fera un tabac et j'm'achèterai plein de cigares et un voyage au Tibet, parce que tout ceci m'aura spirituellement épuisé et qu'il va falloir me ressourcer, je partirai cinq ans bien sûr. Je reviendrai dans le monde dans dix, ainsi, à moins qu'il n'ait déjà disparu, à moins que je ne sois tombé dans un fossé, un ravin, ou happé par un torrent furieux ou une bande de sauvages, à moins que je sois le seul survivant sur cette planète et que je devrai tout reconstruire de mes propres mains, comme au bon vieux temps, quand une entité, haute comme trois pommes, s'en ait fait bouffer une et qu'il a jeté tout le monde dehors...

Je ne sais encore à quelle heure je vais partir précisément, ni quel jour d'ailleurs, parce que je me demande tout de même, si je dois changer d'adresse postale pour payer mes impôts ou si il est préférable de revendre la maison, si je dois bloquer mon compte en banque ou si je peux faire confiance à la banque pour garder mon argent, car, comprenez-vous, s'il y a une guerre electro-magnétique, je risque de tout perdre, ce serait fâcheux...

Je réalise ainsi que nous ne sommes pas libres, à peine avons-nous posé le pied dans la société moderne qu'elle nous empêche de repartir, elle nous empêche d'aller où bon nous semble...

Après mes dix années d'exil, j'aurai amassé assez d'argent pour construire une citée sous-marine, je prendrai quelques élus et nous rebatirons Atlantide, sous les flots. De toute manière, avec le réchauffement climatique, toute la Terre sera sous les eaux et seuls les plus vaillants survivront. Amis, je serai votre nouveau guide, pour les 5 prochaines décennies. Si ce n'est plus ou moins, tout dépend de vous, ou de moi...

Mardi 5 juin 2007 à 10:47

Chers amis, le moment est grave, lourd, nous faisons fausse route, nous fonçons droit dans le mur. Rassurez-vous, car c'est au pied du mur qu'on voit mieux le mur. Je vous promets qu'à dos d'âne nous poursuivrons ces mécréants, ces pilleurs de tombes, toutes ces abominables créatures au dos voûté ne pensant qu'au...

Stop ! Jusqu'où croyez-vous que nous pouvons aller comme ça ?

Voilà la question. Comme ça, comment ? Je ne parle pas de ceux qui ont un coussin sous leurs fesses, ni de culottes rembourrées, je parle des autres, ceux dont on ne parle pas, ceux qui sont cachés sous leurs draps réfléchissant sur l'immortalité du crabe et du hanneton, ceux qui parlent à des cabines téléphoniques en panne ou qui n'aiment pas la laitue...

Pourquoi ? Parce qu'il faut que cela cesse. Les anglais ont débarqué. Vous savez ce qu'il en résulte. Nous devrons passer par derrière. Ce long tunnel tout sombre qui ne sent pas très bon. Enfin, le tout est de ne pas abuser de Ouiche Lorraine.

Pour résumer. Nous faisons face à une dégénérescence, certains appeleront cela la recrue d'essence, n'espérez pas une bonne note, vous avez peut-être bon dos, tout dépend s'il est majeur ou mineur. Je vous arrête, je m'arrête là avant de voir débarquer les officiers dans mon humble demeure. Tapez trois fois et je vous offrirai une glace.

Pour conclure, je vous invite à venir me voir, non pas chez moi, mais au Biplan à Lille (http://www.lebiplan.org) pour Roberto Zucco de Bernard-Marie Koltès. Le prix est de 6€70 (5€20 tarif réduit), réservation par téléphone. J'y joue un frère, un gars, un gardien de prison, un policier, Roberto et je crois que c'est à peu près tout. Cela se passe les 29 et 30 juin, bien sûr, à 20h30.

Je pense bien que vous ne viendriez pas me voir, mais on ne pourra pas dire que je ne vous ai pas prévenu. De toute façon il n'y aura pas assez de place ou alors il faut vous dépêcher.

Vous aimez les crevettes ?

Parce que les crevettes, ça se mange, et qui en mange, en mangera...

Bref, on dit que que je suis un bon coup...

Voilà qui a de quoi se redonner de l'estime, de retrouver une nette confiance en soi, de prendre de l'assurance. Quand votre femme collée au mur vous susurre à l'oreille "Tu baises comme un Dieu", vous qui tous les matins vous regardiez dans le miroir cette petite banane pendouillante entre les jambes en marmonnant "Bon Dieu, ce que tu es laide". Un petit sourire aux lèvres, vous vous retroussez les manches ou plutôt le pénis pour le fourrer un peu partout, un moufle, une peau en latex et ça dure si vous le voulez pendant quelques minutes...

Pas question de dérailler, question trous, Serge s'y connaît mieux que tout le monde...

Bref, y aurait-il là un talent caché ?

Comme ce n'est pas donné à tout le monde de naître, j'espère bien en profiter...

Lundi 28 mai 2007 à 1:54

J'ai cessé de chanter. J'ai cessé de me ronger les ongles de pied. J'ai cessé de mordre le chien. J'ai cessé de me laver les cheveux. J'ai cessé de prendre mon pied. J'ai cessé de boire. J'ai cessé d'insulter mes parents. J'ai cessé de revendre mes plantes. J'ai cessé de renifler la neige. J'ai cessé de dormir. J'ai cessé d'écouter. J'ai cessé de parler. J'ai cessé d'écrire. J'ai cessé de manger. J'ai cessé de jouer. J'ai cessé de travailler. J'ai cessé de rêver. J'ai cessé de vomir. J'ai cessé de me laver. J'ai cessé de caresser le chat. J'ai cessé de faire la vaisselle. J'ai cessé de sortir. J'ai cessé de prier. J'ai cessé de jurer. J'ai cessé de sortir les poubelles. J'ai cessé de m'habiller. J'ai cessé la masturbation. J'ai cessé de fermer ma porte à clé. J'ai cessé de lire. J'ai cessé de croire au Père Noël. J'ai cessé de taper. J'ai cessé de me curer le nez. J'ai cessé de me lécher le coude. J'ai cessé d'embrasser les inconnus dans la rue. J'ai cessé de tuer les moucherons innocents. J'ai cessé de marcher. J'ai cessé de courir. J'ai cessé d'acheter des bouteilles d'eau. J'ai cessé d'oublier. J'ai cessé de cesser.

J'en avais assez de cesser, ce sont ces concessions qui font sécession, en somme, sans ces soirées cassées, je ne serai pas là, à cacher mes ardeurs, mes folies, je ne cesse de me reprendre en main, à me dire, non, la vie n'est pas de rester cloitré entre quatre murs, ni de taper du pied, ni de porter sa jambe fatiguée par des fesses mal assises...

J'aime regarder les oiseaux, j'aime quand les chats se battent, j'aime sentir l'herbe fraichement tondue, j'aime beaucoup mais parfois je hais, oui, je hais regarder les oiseaux, je hais quand les chats se battent, je hais sentir l'herbe fraichement tondue. Je hais et je suis...

Car le plus important n'est pas haïr mais être et je hais haïr les êtres qui ne sont pas...

Il y a de quoi avoir peur, en effet...

Lundi 21 mai 2007 à 18:28

Pissons, pissons à la santé des poissons poisseux. Hier je suis allé pécher. J'ai posé ma canne le temps de me soulager la vessie, après deux coups braguettes je suis revenu et la canne avait disparu. J'vous raconte pas la misère, j'venais de l'apporter au garage, j'en avais eu pour 400€ de ficelles, les burnes en feu j'suis reparti dans mon 4x4, là j'ai pas fait gaffe à Mémé, celle qui tremble, celle qui est toujours en ryhtme dans les boîtes et qui fait des blancs en neige en moins de deux, Mémé, elle sortait prendre son journal comme chaque matin, même si le facteur ne passe pas, Mémé est toujours là, onze heures pétantes, les cheveux blancs bouclés, la chemise de nuit trouée et les pieds qui traîne, elle fait tout ça en slow-motion saccadé avec multiples flash-backs. Et nous nous sommes rencontrés, c'était assez percutant d'ailleurs, comme rencontre, un vrai choc, à vrai dire, l'orage en plus et c'était le coup de foudre. D'ailleurs en parlant de coup. Tout à l'heure, j'étais chez mon père et on en buvait un, y'avait un type dehors, le genre de type qui promène son chien à midi pour éviter les crottes dans le jardin, celui qui siffle tout le temps un air de western avec ses chaussures en cuir et toujours le petit lacet qui pend sur le côté droit de la chaussure droite, toujours, sauf qu'aujourd'hui, son chien n'était pas là, pas une trace de merde rien, seulement une pelle qui voyageait sur le dos du type, avec un peu de terre au bout et quelques poils de chien, je crois que cela a été la goutte qui a fait déborder le vase...

Comme quoi ce n'est pas si facile de parler, de parler, de porter et de changer de chaussures sans se tromper de main, comme quoi, parler la bouche ouverte c'est toujours plus simple que de donner des arguments sur l'existence de Dieu, comme quoi raconter une histoire sans conjuguer ça n'arrive pas qu'aux étrangers, comme quoi une chaloupe échouée a toujours plus de classe qu'un blanc en neige raté...

Le passé, c'est pas mon truc, parler au passé, c'est pas mon truc, j'suis trop ancré dans le présent, j'arrive pas à me détacher, à me dire "Bon, allez, je lève l'ancre et je dresse les voiles vers le passé", mais le vent, et le temps, va toujours de l'avant, alors essayez d'avancer à contre-courant, on chavire, on saborde, on coule. Je préfère rester calme, garder les pieds sur Terre, l'ancre à la mer, les voiles baissées et j'attends que le temps passe, j'attends que la tempête se calme, j'attends, j'attends, je change de position parce que j'ai des fourmis un peu partout, non, je me réveille, j'ai des fourmis un peu partout, même si je change de position, elle m'attrape, je suis pris, je suis fait, on m'emmène dans une ruelle sombre et imaginez des milliers de fourmis en train de faire la danse du ventre, à chanter des chansons paillardes et à aduler Josephine Baker...

Tout ça, ça fout un trou, un gros trou dans l'atmosphère, et ça, j'en ai pas une gueule, pourtant j'en ai des trous moi aussi, j'en fais pas tout un plat, tout le monde craint les trous noirs mais tout le monde en a un, les sacs à merde...

Je vous promets, tout ceci changera, tout ceci évoluera, ce n'est pas une victoire, c'est ma victoire, je vais faire de ce monde, un monde à moi, peut-être meilleur pour vous, mais jouissif pour moi...

Tuons, brûlons, pillons, violons, comme au bon vieux temps, quand les cols blancs tuaient, brûlaient, pillaient et jouaient du violon dans les grandes cours, celles avec des arbres, des jeux pour enfants et des dessins à la craie sur le sol. La cour de récré c'était l'anarchie, il y avait les forts et les faibles et il valait mieux être dans le bon clan. Les indépendants, les mercenaires, ceux qui se font payer pour voler des billes à la gamine et pour tabasser le petit à lunette sous le toboggan, ceux qui dénoncaient de faux-coupables aux instituteurs et qui étaient les fils du directeur, celui avec la queue de cheval, le drôle de pédophile...

C'était atomique...

Mais je ne vous promets rien...

Dimanche 13 mai 2007 à 12:28

Non, mais, voyez-vous, dans ce rituel un tant soit peu dramatique, l'Homme se couvre de ridicule, mais, le ridicule est transparent, voire inexistant, le ridicule ne tient pas chaud l'hiver et le ridicule ne protège par des rayons du soleil, le ridicule laisse passer le vent et le ridicule n'est pas imperméable. Le ridicule peut se sentir ridicule, oui, car, il n'est même pas capable de faire de mal, le ridicule ne tue pas, le ridicule n'est pas une bactérie, ni un virus, le ridicule ne se transmet pas sexuellement et le ridicule ne se trouve pas dans des brocantes, des marchés aux puces, des centres commerciaux, le ridicule ne rend pas aveugle, ni sourd, ni muet, le ridicule, le ridicule...

Je sais, je sais, je comprends, tout ceci commence à devenir ridicule, mais le ridicule n'est rien, alors à quoi bon, si tout ne mène à rien, si la vie ne mène à rien, la vie mène au ridicule, nos vies sont ridicules, nos morts sont ridicules. C'est ridicule de vivre...

Je ne vous propose même pas d'imaginer une chose ridiculement ridicule, cela serait plus que ridicule, mais, plus que rien, c'est tout. Ridiculement ridicule, c'est tout...

Si je pousse à bout tout ceci, ce que je relate, raconte, vous raconte, si je continue encore plus loin, déjà que je suis ridicule, je deviendrai ridiculement ridicule...

Ainsi, en quelques mots, en un mot, ridicule, je parviendrai à tout dire...

Je trouve cela ridicule de parvenir à tout dire, car si tout est dit, il n'y a plus rien à dire, mais le ridicule n'est rien. Je ne dis rien en disant tout ce qu'il y a dire, comme quoi on ne peut pas tout dire...

Surtout, quand il n'y a rien à dire...

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